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Catherine, intervenante, partage son expérience des cours à distance

 

Quelle organisation a été mise en place pour pouvoir assurer les cours à distance ?

La plateforme Teams qui permet de faire les cours en vidéoconférence.

Comment avez-vous adapté vos cours ?

En fait, dans ma manière de travailler habituelle, j’utilise déjà l’outil numérique et tous mes cours sont informatisés. Je mets déjà mes supports en ligne et utilise des outils tels que Kahoot, Padlet ou les documents partagés via Google docs. Et je fais déjà en sorte que les apprenants soient en action, en activités. Je donne très peu de cours purement théoriques, sauf en début d’année lorsqu’on travaille sur les méthodologies. Donc je dirais que passer par Teams n’a pas fondamentalement changé ma manière de travailler. Je mets toujours les apprenants en activité. Je leur laisse un temps en autonomie – pas trop long environ un quart d’heure - pour faire un exercice puis on le corrige ensemble. Je les fais rédiger ensemble sur les documents partagés. J’utilise le partage d’écran pour les Kahoot. Par contre, je varie beaucoup plus les activités. Sur un cours de 2 heures, je propose entre 2 et 3 activités différentes. Et comme les étudiants en alternance sont, pour la plupart, en chômage partiel, je leur donne aussi davantage de travail maison. Par exemple, si pendant un cours de 2 heures, j'ai demandé aux étudiants de partager des exemples sur un padlet, puis qu’ils ont rédigé une partie de la dissertation avant de faire un Kahoot ou autre pour vérifier les acquis, je peux leur demander de finir de rédiger la dissertation à la maison. 

Comment on dispense un cours présentiel en cours en visio conférence ?

Pendant un cours en présentiel, on est avec les étudiants, on voit comment ils avancent, quelles sont leurs difficultés, on peut faire du cas par cas, ce que ne permet pas ou beaucoup moins en tout cas, à mon avis, les cours en vidéoconférence. On ne voit pas ce que font les élèves, comment ils travaillent, on ne voit qu’un résultat, et si l’apprenant est connecté mais qu’en réalité il fait autre chose, on le devine, pour autant s’il ne veut pas répondre, on ne peut rien faire. Alors qu’en présentiel, on peut ramener un apprenant au travail parce qu’on est en face à face.

Sinon, pour passer d’un cours en présentiel à un cours en face à face, il suffit d’adapter son contenu et de varier davantage pour éviter ce décrochage. Il faut également annoncer dès le début de la séance l’objectif et les activités qui vont permettre d’atteindre cet objectif, ce qui est vrai quel que soit le type de cours (présentiel ou à distance) mais dans le cas du cours en vidéoconférence, il faut être plus clair et plus précis.

Quel ressenti vous avec eu sur l’implication des étudiants lors de ce format de cours ?

Je dirais que les étudiants impliqués le sont toujours, mais que ceux qui ont déjà tendance à décrocher décrochent davantage. Je les sens contents d’avoir quand même cours, de ne pas être complètement isolés, de se sentir soutenus, ce qui tient plus de la situation en elle-même - l’enfermement - que du format de cours.

Et votre avis sur les impressions des étudiants ?

Je pense que les étudiants sont contents de se voir, d’avoir cours, de nous voir, ce qui les maintient dans des relations sociales. Par contre, tous m’ont avoué que si les cours se passaient bien, pour eux ce format n’équivalait pas les cours en présentiel. Ils se disent également fatigués. Et je pense que, en effet, le cours en vidéoconférence requiert, pour tout le monde, bien plus d’énergie, que les cours en présentiel. Les cours en vidéoconférence exigent beaucoup plus d’attention et de concentration pour les étudiants comme pour le formateur. 

Comment vit-on cette situation comme formateur et qu’est-ce que c’est expérience peut apporter comme évolution sur vos futurs cours en présentiel ?

Comme formateur, je vis cette situation de manière ambivalente.

D’un côté, je suis contente de pouvoir leur faire cours, de pouvoir continuer à les faire réfléchir puisque tel est le but de ma matière, de les voir, de les savoir en bonne santé. Disons que leur faire cours est moralement bénéfique pour eux comme pour moi. Faire cours nous permet à tous de penser à autre chose, d’utiliser ce temps en dehors du temps pour continuer à apprendre, à réfléchir. Je sens aussi qu’être en cours rassure les étudiants, leur donne des objectifs pour la journée et un certain rythme. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que je ne fais pas cours pour rien ni pour personne. Les avantages sont indéniables. C’est mieux ainsi pour tous. Certains étudiants m’ont avoué que, sans les cours, ils seraient restés au lit tout le jour sur Netflix...

D’un autre côté, le format en vidéoconférence est très frustrant pour moi. Lorsqu’un élève décroche dans le sens où il n’est en réalité pas face à son écran, je ne peux rien faire. Sur ce format, l’avancée des cours est moins rapide, alors même qu’il est très difficile de faire du cas par cas, ce qui prend en principe du temps dans les cours.

Je ne vais pas m’appesantir sur les aléas dus à l’informatique : micro qui ne fonctionne pas, micro qui grésille, Internet qui ralentit, les pertes de connexion... pour la simple raison que tout ceci fait partie de ce qui ne se maîtrise pas.

En résumé, lorsque je me retrouverai à nouveau en présentiel avec eux, dans des conditions de classe normales, je savourerai le fait d’être avec eux.

Je pense que le cours en vidéoconférence est un ersatz de cours : les deux formats – en présentiel et en vidoéconférence - se ressemblent par certains points puisqu’on est avec les étudiants et qu’ils travaillent et avancent globalement; les deux formats sont presque pareils, pourtant il manque au cours en vidéoconférence un point fondamental, à savoir le face à face réel et tout ce qu’il englobe comme la communication non verbale, la relation réelle, tout ce qui permet qu’une vie dans la classe entre les étudiants mais aussi entre les étudiants et l’enseignant existe réellement.